Gestion du bâtiment

340 milliards d’euros investis en 10 ans et aucune baisse de consommation d’énergie

Louis Vermorel
Louis Vermorel22 décembre 2020
3 min
340 milliards d’euros investis en 10 ans et aucune baisse de consommation d’énergie

Il s’agit là du triste bilan rapporté par Axel Gedaschko, président de GdW, la plus grande fédération allemande de sociétés immobilières, qui représente 6 millions de logements et 13 millions d’habitants.

Dans un rapport publié début juillet, la GdW a relevé que plus de 340 milliards d’euros ont été investis au total dans la rénovation énergétique des bâtiments depuis 2010 pour une baisse de consommation espérée de 15%. Ces travaux, soutenus par la banque publique d’investissement KfW à hauteur de 13.5 milliards d’euros, comprennent le changement de fenêtres, de nouveaux systèmes de chauffage et l’isolement des façades. Pourtant, malgré les gigantesques investissements, la consommation énergétique, qui avait baissé de 31% entre 1990 et 2010, est depuis cette date restée au même niveau.

En 2010, un foyer consommait en moyenne 132 kilowattheures thermiques par mètre carré. En 2018, il en consomme… 130.

Au moment où la France se lance dans un ambitieux plan de rénovation énergétique des bâtiments, il semble pertinent de se pencher sur ce retour d’expérience à grande échelle.

La GdW souligne plusieurs causes à la stagnation de la consommation. La première serait le fameux « effet rebond » : dans des logements mieux isolés, les occupants auraient amélioré leur confort en augmentant la consigne de chauffage. S’ajoutent à cela de potentielles rénovations inefficaces.

« Nous devons abandonner les rénovations énergétiques et les isolations de plus en plus chères, et opter pour une fabrication d’énergie décentralisée faible en carbone, avec des techniques numériques d’évitement des émissions », a déclaré M. Gedaschko.

L’étude de la GdW ne donne pas de détails sur « l’effet rebond ». Cela semble être plus une hypothèse de leur part qu’une observation. Une étude américaine réalisée en 2018 sur 30.000 foyers dans le Michigan a justement cherché à observer cet « effet rebond » post-rénovation. Ses conclusions sont que les occupants n’ont pas modifié les températures de leurs logements de manière significative. Il n’y a pas eu d’effet rebond.

L’étude pragmatique faite par la GdW interpelle. Mais selon moi, la recommandation d’arrêter les travaux d’isolation me semble être un raccourci fallacieux. Il me semblerait nécessaire de compléter cette étude en observant l’ensemble des variables significatives :

  • Impact des nouveaux usages (électroménager, électronique)
  • Évolution de la densité d’occupation,
  • Évolution des comportements (température de consigne de chauffage, ouverture des fenêtres, etc.)
  • Qualité des travaux d’isolation, notamment.

Mettre à la poubelle les travaux d’isolation des bâtiments me parait plus que périlleux dans la quête de décarbonation d’une industrie qui représente plus de 35% de la consommation énergétique mondiale.

M. Gedaschko recommande également « d’opter pour une fabrication d’énergie décentralisée faible en carbone, avec des techniques numériques d’évitement des émissions ». Il s’agit du concept de microgrid. La GdW propose de renforcer la production d’énergie renouvelable locale et de moduler la consommation en fonction de la disponibilité d’énergie (le solaire et l’éolien étant par nature intermittents). Pour ce faire, il faut alors connecter les systèmes techniques énergivores pour les piloter en fonction des capacités du réseau. Cette proposition s’inscrit dans une tendance de fond qui consiste à mieux mesurer et optimiser les équipements techniques des bâtiments.

Wattsense, qui permet de connecter et de piloter facilement les bâtiments, vise à pérenniser les réductions de consommation énergétique pour des coûts drastiquement inférieurs à ceux des travaux d’isolation. Les recommandations faites M. Gedaschko vont donc dans notre sens. Malgré tout, mes 15 années passées dans l’industrie CVC (chauffage, ventilation et climatisation) m’ont appris que la qualité d’isolation est une composante essentielle de la performance d’un système thermodynamique.

Chaque secteur doit apporter sa contribution à la décarbonation. Pour le bâtiment, il n’y a pas d’opposition entre solutions numériques et isolations. Au contraire, les deux sont complémentaires et se renforcent mutuellement. C’est grâce au numérique déployé sur chaque bâtiment que l’on peut déterminer la performance d’une opération d’isolation et identifier des options d’amélioration.

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